Il aura bientôt 101 ans : Boris Pahor est un témoin incontournable et précieux pour qui veut connaître Trieste et son histoire. Dans sa bibliothèque personnelle, installée dans le centre culturel slovène du village de Prosek (en italien : Prosecco — et Boris Pahor tient à cette double appellation), le doyen des écrivains triestins nous reçoit pour nous raconter cette ville qu’il aime par-dessus tout. Une ville depuis laquelle il a combattu trois dictatures, toujours au nom d’une même cause et d’un même idéal : le droit de vivre en Slovène, dans une ville tantôt austro-hongroise, tantôt yougoslave et finalement italienne.
Boris Pahor est aussi une mémoire vivante de la déportation : dénoncé par des fascistes slovènes en 1943 pour ses activités de résistant, il est déporté en 1944 dans le camp du Struthof, où il est affecté comme brancardier. Pendant un an, il charrie les corps des suppliciés, ses « camarades européens », dans les fours crématoires de Natzweiler. C’est dans l’enfer des camps qu’il s’est forgé son attachement à une Europe libre, plurielle et apaisée.
Pour aller plus loin
Lire de Boris Pahor : le récit Pèlerin parmi les ombres (publié en 1966 et traduit en français en 1990), et plus récemment, le roman Quand Ulysse revient à Trieste.