Juifs bulgares : l’après des lieux

Robert Djerassi préside la communauté juive de Sofia.

Robert Djerassi préside la communauté juive de Sofia.

Le Roi sauveur

Depuis son bureau, derrière l’imposante synagogue de Sofia, Robert Djerassi, est fier d’annoncer la vitalité de la communauté juive de la capitale bulgare. Il l’explique par un détour historique : il y a plus de soixante-dix ans, Boris III, roi de Bulgarie, réussit à ne pas livrer « ses » Juifs à Hitler, arguant qu’il en avait « besoin pour l’entretien des rues ». Pour une partie des Bulgares, ce roi est un héros. « Grâce à cet homme et à une forte mobilisation de la population bulgare, les quelque 50 000 Juifs de Bulgarie ont échappé aux déportations ». Mais pas aux spoliations, au travail forcé ni au port de l’étoile jaune. En outre, près de 12 000 Juifs de Thrace et de Macédoine, territoires qui faisaient partie de la Bulgarie avant 1918 et occupés par l’armée bulgare à partir de 1941, furent envoyés à Auschwitz et à Treblinka. Aujourd’hui, la communauté juive bulgare compte entre 5 000 et 6 000 membres, dont 2 500 rien qu’à Sofia. Pour nous expliquer l’excellente santé de la communauté, Robert Djerassi évoque « les jardins d’enfants, les écoles publiques, les collèges, mais aussi des camps d’été et des séminaires juifs. C’est une communauté florissante ! ».

La capitale bulgare compte   2500 juifs : plus d'un tiers de la communauté juive bulgare.

La capitale bulgare compte 2500 juifs : plus d’un tiers de la communauté juive bulgare.

 

Lourd patrimoine

Avant la Seconde Guerre mondiale, il y avait trente-sept synagogues en activité en Bulgarie. Seules deux d’entre elles sont encore en activité aujourd’hui, à Sofia et Plovdiv. Quant aux autres, la plupart n’existent plus ou sont en ruine. « Toutes ces synagogues sont en train de disparaître », déplore Robert Djerassi. Il faut dire que la grande majorité des juifs bulgares ont massivement rejoint Israël dès 1948. Faute de volonté politique forte, l’avenir des anciens lieux de culte est fortement compromis ; certains sont déjà trop endommagés pour pouvoir être sauvés. C’est un pan de mémoire nationale qui se perd.

Samokov : synagogue sous alarme

À 70 km au sud de la capitale bulgare, la synagogue de Samokov est à l’abandon. Des clôtures fatiguées, de la végétation sauvage, des pans de murs abîmés mais surtout, des dégradations conséquentes. La communauté juive rurale a disparu, et les lieux ont subi l’usure du temps mais aussi de nombreux vols. On a fini par y installer une alarme qui sonne dans le vide à la moindre intrusion, mais il n’y a plus rien à voler. « Il y avait des fresques à l’intérieur, et des ornements en métal autour des fenêtres mais tout a été abîmé ou revendu », raconte un voisin attristé. Depuis sa fenêtre, il aperçoit les murs nus de l’ancienne synagogue et peste contre l’inaction collective.

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Nouvel horizon

Mais la synagogue de Samokov serait sur le point d’avoir un futur. Elle ne sera bientôt plus un lieu religieux mais peut-être un musée ou un lieu d’exposition. «  Il y aurait alors un ensemble touristique important à Samokov avec la mosquée et le musée ethnographique, le musée du ministre de la culture et ce prochain nouveau musée dans l’ancienne synagogue réaffectée », nous explique le président de la communauté juive de Sofia, fier d’annoncer le sauvetage d’une d’entre elles.

Imaginer un avenir à ces lieux est à la fois une manière de sauver un pan de mémoire mais aussi de créer un nouveau dynamisme à des quartiers ou à des villes en quête de racines et d’attractivité.

 

Juil 4 2014

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